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vendredi 29 août 2014

Nothomb et Begbeider : bof, bof...



1997. Amélie Nothomb, à la fois auteur et personnage, cherche un compagnon (en l’occurrence un « convignon ») de beuverie, mais au champagne s’il vous plaît. Ce sera Pétronille, une fan, charmante androgyne grande gueule d’une vingtaine d’années, la « convigne » idéale. Ces deux-là s’amusent beaucoup. Nous, on s’ennuie.
2001. Pétronille Fanto publie son premier roman. Il y en aura d’autres. C’est une belle histoire d’amitié entre ces deux jeunes femmes. Au passage, Amélie Nothomb (l’auteur ou le personnage ?) règle ses comptes : avec les « rombières », avec les paparazzis, avec la créatrice de mode Vivienne Westwood. Au-delà de cette pacotille, pas de littérature en vue.
Amélie Nothomb, l’auteur, a peut-être voulu répondre une bonne fois pour toutes aux sempiternelles questions de ses nombreux admirateurs sur sa vie, ses goûts, son travail. Et elle a glissé le tout dans un « roman ». Admettons.
LIRE « Pétronille », Amélie Nothomb, éd. Albin Michel, 172 p., 16,50 €.


« Il en a fallu des coïncidences et des hasards », des milliards de combinaisons qui fondent notre Histoire contemporaine, que Frédéric Beigbeder s’échine à nous raconter à travers le prisme d’une rencontre improbable et d’un amour impossible, celui d’Oona, la fille du célèbre dramaturge Eugène O’Neill, avec J.D. Salinger, le futur auteur du cultissime roman « L’Attrape-cœurs ». Ils se côtoient d’abord au Stork, LE café branché dans le New York de 1940, là où tout commence, là où Truman Capote divertit de jeunes et riches héritières. Jerry Salinger, l’étudiant moins fortuné, un grand timide plutôt maussade, s’amourache d’Oona. À eux deux, ils apportent « tant de profondeur soudaine au centre de la légèreté new-yorkaise ». Ils flirtent, se revoient, ne se quittent plus, pour lui c’est pour la vie, pour elle…
L’entrée en guerre des États-Unis balaie tout. Par défi, par arrogance, par conviction, on ne sait trop, Salinger s’engage. Il sera de toutes les horreurs, le Débarquement sur les côtes normandes, l’offensive de la forêt de Hürtgen – un enfer méconnu -, la libération des camps de la mort. Il ne s’en remettra jamais, reclus chez lui durant des décennies jusqu’à son décès en 2010, auteur en fin de compte d’un seul roman et d’une vingtaine de nouvelles (dont certaines encore inédites). Frédéric Beigbeder invente les lettres que Jerry aurait envoyées à Oona (il n’a pas eu accès aux vraies). Durant les années de guerre, celle-ci a rejoint ses amies en Californie, continuant de mener une vie insouciante, après tout, elle n’a pas encore vingt ans. Elle aimerait devenir comédienne, elle rencontre Charlie Chaplin, alors en pleine gloire grâce notamment à sa peinture féroce d’Hitler dans « Le Dictateur ». Il a toujours aimé les Lolita, mais là, c’est autre chose : il tombe raide dingue d’Oona, il l’aimera toujours, et elle le lui rendra bien. Salinger et Oona ne se reverront jamais, sauf encore dans le roman de Beigebder, était-ce utile, la passion d’un sujet mérite-t-elle une telle accumulation de détails, une « faction » (mélange de faits réels et de fiction) gloutonne qui broie l’émotion qu’on espérait éprouver…
LIRE « Oona & Salinger », Frédéric Beigbeder, éd. Grasset, 336 p., 19 €.





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