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vendredi 6 décembre 2013

Birgitte Giraud : Un corps à cœur, entre tempêtes et plaisirs



Au début, on part dans l’inconnu : « Au commencement, je ne sais pas que j’ai un corps. Que mon corps et moi on ne se quittera jamais. Je ne sais pas que je suis une fille et je ne vois pas le rapport entre les deux. » Au long des âges, enfant, fille, femme, au gré des tempêtes et des bonheurs, on finit par apprendre et même se réconcilier, « comme si mon corps était une maison où vivent ensemble le fil de l’existence, fait de désirs, de force et de pulsations, mais aussi l’absence. »
Dans un roman aux accents très autobiographiques, très incarné, droit dans les yeux et dans ses bottes, Brigitte Giraud ose et réussit ce pari fou : remuer ciel et terre, amours et deuil(s), sensualité et réalité (crue) pour raconter l’intime, le plus intime. L’histoire d’une fillette habillée par sa maman (pour « montrer [le corps] sans l’exposer, le protéger en le mettant en valeur. ») et dont l’activité principale est de vouloir « faire plaisir » à son papa.
Puis elle « entre dans le monde des femmes en même temps que dans le monde des chiffres. C’est le début d’une ère nouvelle, dominée par le 28, qui oblige à compter. » On dit que « les filles sont formées, cela est effrayant. » Elle appartient désormais à cette catégorie, elle voudrait se sauver. Elle apprend bientôt le désir, qui est aussi douleur, car « le manque est physique. » On se croit exceptionnelle, on est comme toutes les autres. C’est vexant.
Être comme tout le monde, c’est entrer dans la vie active, c’est s’installer en couple, « et c’est la vie domestique qui se tisse avec la vie amoureuse ». C’est avoir un enfant, qui restera toujours une partie de soi tout en prenant son envol, en s’éloignant. Et c’est soudain l’arrachement quand le compagnon se tue en moto. On se construit un mur de briques autour de soi, avant de tout reprendre depuis le début, on est une nouvelle personne qui va ôter sa carapace : « Je ne suis qu’à la moitié de mon existence, j’ai encore une vie qui m’attend. […] Une vie avec des cheveux blancs. »
LIRE « Avoir un corps », Brigitte Giraud, éditions Stock, 240 p., 18,50 €.

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