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vendredi 15 février 2013

Le coup de coeur de Laurent Gentilhomme



Frédéric Roux
Un Ali de plus ? Non, justement, parce que Frédéric Roux, déjà auteur de « Tyson, un cauchemar américain » et de « Ring », décide de raconter Ali par le biais de milliers de témoignages, toujours très courts, racontés par tous ceux qui ont connu le boxeur. « Alias Ali » est donc un empilement de citations, de phrases, de témoignages… de son père, sa mère, ses amies, ses entraîneurs mais aussi des nombreux suiveurs (et parasites souvent) qui trainent dans son sillage. On croise aussi des figures satellitaire du cirque Ali comme le romancier Norman Mailer et des témoignages d’origine parfois douteuse (selon le Figaro littéraire, Lloyd Hefner est une fiction) et on parie qu’après trois pages et deux rounds ce pavé va nous tomber des mains. Mauvaise pioche: servi par un montage malin, rythmé, punchy, ce livre devient totalement addictif, passionnant, révélateur d’un Ali bien plus complexe que ne le laisse souvent apparaître des bios plus officielles.
« Alias Ali » s’articule autour des combats du Greatest, des plus mythiques (contre Liston, Frazier ou Foreman) jusqu’aux affrontements pathétiques et arrangés (dont un « grandiose » championnat du monde contre un champion belge qui ne rêve que de se coucher le plus vite possible). Les commentaires des combats méconnus contre des toquards de premier ordre sont souvent plus passionnants que ceux archiconnus de Kinshasa ou Manille, par exemple. Mais ce drôle de bouquin au style télégraphique montre aussi qu’Ali a perdu son combat d’homme en étant un complice indirect de l’assassinat de Malcom X, une marionnette souvent pathétique manipulée par la Nation of Islam d’Elijah Muhammad. Fort sur le ring, faible dès qu’il passe sous les cordes, le dernier survivant des icônes américaines de la fin du XXe siècle (Elvis, Marilyn et James Dean sont KO depuis belle lurette), Muhammad « Cassius Clay » Ali est bien le plus grand sportif du XXe siècle. Mais le « bricolage » littéraire de Frédéric Roux prouve que le môme de Louisville devenu le vieillard tremblant d’Atlanta est bien plus que ça.
LIRE « Alias Ali », Frédéric Roux, éditions Fayard, 640 p., 22 €.

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