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mardi 2 octobre 2012

Alors, il est comment le J.K. Rowling ?


J.K. Rowling © Wall to Wall Media Ltd-A. Montgomery

Joanne K. Rowling, l’auteur des « Harry Potter » débarque en fanfare avec le lancement son premier roman pour adultes, best-seller annoncé. D'abord, il faudrait faire abstraction d’une stratégie navrante, mais désormais typique du lancement des best-sellers mondiaux. A savoir, en dire le moins possible pour qu’on en parle le plus possible. Ne pas permettre aux critiques, ni aux libraires de lire le roman avant sa parution. Ne pas donner d’interview (ou le strict minimum, deux pour la France - à TF1 et à l’hebdomadaire Elle -, deux entretiens où l’on aura très peu parlé, comme c’est étonnant, du livre). Taire les chiffres et laisser enfler les rumeurs : Grasset refuse de dire combien la maison d’édition a payé pour acquérir les droits pour la France, et quel est le tirage prévu (d’après le magazine Le Point, ces chiffres seraient respectivement de 3 millions d’euros et de 600.000 exemplaires). Toute cette fausse discrétion pour, évidemment, générer du buzz, de la curiosité, elle-même maîtresse du porte-monnaie : on ne sait (presque) rien du livre, mais on va l’acheter.
Et puis, il y a l’auteur. On est loin de la jeune inconnue qui en 1994-1995 vivait de l’aide sociale et qui imaginait dans les cafés d’Edimbourg les aventures d’un apprenti sorcier. Forcément, 500 millions d’exemplaires vendus à travers le monde des aventures de Harry Potter ont donné un impact extraordinaire à l’annonce du premier roman pour adultes écrit par Joanne K. Rowling.
Alors, après lecture des 680 pages de « Une place à prendre », il est comment ce dernier-né ? A question simple, réponse complexe. Il y a certes toujours quelque chose de réjouissant à découvrir des décors et des personnages terriblement british. Et là, nous sommes gâtés. Nous sommes à Pagford, une bourgade charmante où tout le monde se connaît à défaut de s’apprécier (une trop grande proximité nuit à l’harmonie, d’après J.K. Rowling) et qui va être toute chamboulée au décès, aussi subit qu’inattendu, de Barry Fairbrother, un quadragénaire ambitieux, et peut-être pas aussi généreux que son CV de bienfaiteur des pauvres voudrait nous le faire croire…
Les thèmes abordés sont universels : les inégalités sociales, les difficultés dans le couple, les préjugés, le poids du qu’en-dira-t-on, etc. Drogue, sexe et misère aussi. Surtout, on retrouve une J.K. Rowling préoccupée par le devenir des adolescents, malmenés par la bêtise, la lâcheté, les rancoeurs, les névroses de leurs parents. Andrew, Fats, Gaïa et Krystal, pour ne citer qu’eux, sont aussi vulnérables qu’attachants, chacun se débattant au sein d’un environnement familial infernal, et cherchant à se faire une place dans le monde des adultes quand les modèles qu’ils ont en face d’eux sont au mieux pathétiques, au pire tragiques. Grandir est un combat, vieillir est un naufrage.
Hélas, le trait est souvent très (trop) appuyé. Chaque personnage correspond à un stéréotype, sans espoir d’en sortir. L’auteur ne laisse aucun espace à son lecteur : tout est expliqué, détaillé, rabâché. Résultat : ça n’avance pas. Fairbrother s’écroule, mort, page 13. On l’enterre page… 213. Et les messages du « Fantôme_de_Barry_Fairbrother » postés sur le site du Conseil paroissial de Pagford font un bien pâle suspense. Verdict : ça se lit sans déplaisir. Sans crier au génie non plus.
LIRE « Une place à prendre », J.K. Rowling, éditions Grasset, 680 p., 24 €.

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