C’est une mosaïque amère, grinçante, dramatique
souvent, un portrait pointilliste
accusateur, sans concession : William March fait défiler, sans effets de
manche, une kyrielle de bidasses américains partis, le patriotisme et la religion
en bandoulière, pour la Grande Boucherie, en 1917.
Chacun de ces G.I. raconte un moment de « sa » guerre, un
événement de rien ou gravissime, teinté de hasard surtout, d’héroïsme parfois,
voire de tricherie… « La mort, la mort toujours recommencée » (Brassens), la
voilà, qui fauche au détour d’une tranchée, d’une attaque, d’une corvée de
barbelés ou de cuisine, à cause d’un ordre imbécile ou criminel, d’un coup de
folie, d’un obus de gaz. Et basculent les destins, tombent les bidasses-pions,
« trempés jusqu’à leurs pauvres os », zombies de boue et de poux. Voilà le
visage hideux de toute guerre et la vraie réalité des blessures et des morts «
glorieuses au champ d’honneur ».
LIRE « Compagnie K », William March, éd.
Gallmeister, 230 p., 23,10 €.
Ornithologue menant des recherches en Guyane, Serge
Feuerstein trouve… la mort. Un meurtre au cœur des immensités amazoniennes ? Ce
drame sème l’émoi dans la petite communauté scientifique du département
d’outre-mer. Les gendarmes s’efforcent d’enquêter en pleine jungle où sévissent
trafiquants et autres garimpeiros, ces orpailleurs clandestins venus du Brésil
et du Suriname qui détruisent et empoisonnent au mercure les précieuses forêts.
Pour continuer leur exploitation hors-la-loi, des orpailleurs n’auraient-ils
pas tué l’ornithologue ?
Ce polar bien mené permet de retrouver le capitaine Anato
(cf. « Les hamacs de carton », même éditeur). L’auteur, ingénieur spécialiste
de la biodiversité, a su donner de l’épaisseur à ses personnages en proie à des
difficultés personnelles, nous emmener en pleine sylve tropicale, évoquer les
problèmes complexes de la Guyane et
l’univers de la recherche naturaliste.
LIRE « Ce qui
reste en forêt », Colin Niel, éd. du Rouergue, 381 p., 23 €.
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