Philippe Lacoche s'affirme comme un grand écrivain de la
nostalgie : l'homme face aux piqûres de l'adolescence, qui touchent directement
au cœur. Ce roman est dans la veine du précédent (« Des rires qui s'éteignent »), et il est aussi
essentiel. On retourne dans la Picardie brumeuse du début des années 70. Il y a
les Stones, de la bière et des filles qui nous bouleversent. Jérôme, presque
sexagénaire, retrouve un cœur percé, dans un cahier ; le prénom est
Delphine. Tout revient, par vagues : cet amour compliqué, la présence
envahissante de Jean-Martin et la figure de l'oncle Charles, résistant qui
n'avait pas soldé son passé, lui non plus. Que valent leurs petites histoires
face à celles de leurs pères ? Ils n'étaient « capables que de rayer des disques alors qu'ils rêvaient de faire
dérailler des trains »... C'est sincère et poignant. Lacoche mérite
de ne pas être réservé à des amateurs avertis.
LIRE « Les
matins translucides », Philippe Lacoche, éd. Écriture, 222 p., 17,95 €.
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