Honnêtement, achèteriez-vous un livre écrit par le roi de la slide guitare ? Pas forcément plus qu’un meuble suédois monté par votre grand-mère percluse de polyarthrite. Sauf que là vous auriez tort ! Le premier bouquin de Ry Cooder est un bonheur au charme un peu désuet, qui vous transporte parmi le petit peuple du Los Angeles des années 1940-1950. On y croise des truands à la petite semaine, des musiciens de jazz crasseux, des boxeurs fatigués et des filles faciles, dans une ambiance absolument délicieuse. L’écriture swingue dans les ruelles poussiéreuses d’une ville où tout le monde vient toucher du doigt le rêve de gloire sur grand écran. Mais où il est plus facile de gagner une balle dans le dos qu’un Oscar. Depuis, Ry Cooder a mis en musique certaines des histoires de « Los Angeles Nostalgie » ce qui est une autre bonne nouvelle. Toujours pas tenté par un livre écrit par le roi de la slide guitare ?
LIRE « Los
Angeles Nostalgie », Ry Cooder, éd. 13e note, 295 p., 22,90 €.
On a failli attendre ! Depuis Lester Bangs, Norman Mailer
et Hunter S. Thomson, trouver un journaliste américain capable d’écrire une
histoire bancale avec le souffle d’un chacal aviné et le style d’un coyote sous
speed devenait compliqué. Et là, bam, John Jeremiah Sullivan débarque et
balance « Pulphead » dans la tronche fadasse des clones de correspondants à la
Maison blanche (enfin, on en rêve…). Ses héros ? Michael Jackson, Axl Rose (le
chanteur des Guns N’Roses), Bunny Wailer (l’un des fondateurs, avec Bob Marley
et Peter Tosh, du groupe The Wailers), Geeshie Wiley (une chanteuse de blues
des années 1930)… et des tonnes d’Américains bien explosés du caillou qu’il
traque, secoue, pulvérise dans des chroniques surréalistes, bidonnées et
finalement tordantes. Traduction personnelle de « Pulphead » : « Un dingo chez
les dingos ». Héraut du nouveau journalisme le Sullivan ? Écrivain d’élite,
plutôt.
LIRE
« Pulphead », John Jeremiah Sullivan, éd. Calmann-Lévy, 512 p., 22,50 €.
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