Benoît fait partie du « peuple des lents ».
Max Genève |
Benoît a parfois l’impression qu’un autre jeune homme
loge dans son cerveau. Une cohabitation pas désagréable : cet
« autre » est « vif, leste, agile, rapide précis dans tout ce
qu’il fait ». Un « autre » qui se manifeste dans les nombreuses
rêveries de Benoît, pour lui faire vivre d’incroyables aventures dans les mers
australes. Un « don » qui va prendre une dimension inattendue, quand
à l’occasion de vacances en Espagne où il chaperonne Pauline et son amie Alice
– sa future amoureuse -, il rencontre le marquis Heitor de Carjaval Benito
Sousa, un aristo excentrique et attachant. Ce dernier voyage également beaucoup
dans sa tête, notamment quand il s’installe dans son mystérieux boudoir caché
dans un immense globe terrestre…
À quoi sert de courir ? se demande dans son nouveau
roman le Mulhousien, « exilé » entre Paris et Biarritz, Max Genève. Mélancolique
et joueur, il nous ballade au cœur des « grandes » questions, ou de
la seule qui vaille : que faisons-nous de l’espace et du temps qui nous
sont donnés durant notre (court) séjour sur Terre ? Max Genève tient une
réponse : heureux les innocents aux mains pleines, au royaume de
l’imaginaire le (doux) rêveur l’emporte sur l’homme pressé. Une claque au « tout,
tout de suite » d’aujourd’hui.
Véronique Cohu |
Pour son premier roman, la strasbourgeoise Véronique Cohu
a également choisi d’honorer les rêveurs. Son héroïne, Adèle Leduc, une
pâtissière installée à Illiers-Combray, dans l’Eure-et-Loir, régale ses clients
de ses célèbres paris-brests, notamment les nombreux Japonais fans de Marcel
Proust, qui vécut ici dans son enfance (sa tante Léonie y confectionnait ses
mythiques madeleines). Adèle avait un don, les rêves prémonitoires. Un don
évaporé depuis qu’elle ne dort plus. Sa vie est devenue un enfer, elle est si
fatiguée qu’elle ne peut plus travailler. Elle aura tout essayé, la
psychanalyse, l’anthroposophie, le jeûne, rien n’y fait. Alors, elle décide de
tout plaquer, et de se jeter sur la route, direction plein Est. C’est au fil de
trois étapes improbables et savoureuses, deux en Alsace (au mont Saint-Odile et
à La Petite-Pierre), une dans les Vosges (à Senones), qu’elle retrouvera la
paix intérieure. Et un « métier » bien original, unique sans doute.
LIRE « Le
jeune homme qui voulait ralentir la vie », Max Genève, éd. Serge Safran,
224 p., 14,50 €.
« Rêvez… je ferai le reste », Véronique Cohu,
éd. Grasset, 180 p., 16 €.
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