« À la lisière effilochée de la ville », Wild se planque
dans un motel miteux avec vue sur « l’implacable grammaire urbaine des toits en
terrasse, antennes, câbles et lumières tremblotantes » d’une grande ville
australienne. Toubib déchu, en chute libre, précipité dans ce gouffre par la
drogue, il se voit contraint d’aider Lee, petite frappe en fuite porteur d’une
valise de dollars volés et …d’une balle
dans le ventre. Lee doit échapper aux flics, mais surtout à Josef, vieillissant tueur patenté, rôdé à souffler telles des
bougies les vies crasseuses et négligées comme celle de Lee…
Wild, qui « a renoncé à renoncer », perpétuellement
obsédé par « C17H19N03, son passeport pour l’oubli », à savoir la morphine, et
Lee, cramponné à son minable magot, entament une cavale cahotante et chaotique…
Noires et désespérées trajectoires que celles-ci, remarquablement tracées d’une
écriture toute en sobriété prenante.
LIRE « La
Mauvaise pente », Chris Womersley, éd. Albin Michel, 333 p., 20 €.
Courir deux lièvres à la fois, c’est risquer de n’en
attraper aucun. Michael Connelly lance pourtant son flic fétiche Harry Bosch
sur deux enquêtes simultanées. Bosch, qui avait pris sa retraite… est de
retour : affecté aux affaires non résolues, il hérite d’un vieux dossier
de viol et meurtre. Mais on le branche en même temps sur un drame qui vient de
se produire : la chute mortelle, depuis le septième étage d’un grand hôtel, du
fils d’un influent homme politique de Los Angeles. Suicide ? Accident ?
Homicide ? Bosch va devoir jongler pour s’en sortir. Mais ce grand enquêteur,
dont la femme est décédée et qui essaie d’être un bon père pour sa fille, prend
de l’âge et n’est plus aussi performant qu’avant. Lui aussi, à sa manière,
tombe…
En tout cas, Connelly, lui, vieillit bien : en jouant sur
plusieurs registres du genre, en consolidant toujours plus le personnage de
Bosch, il signe là un excellent polar.
LIRE « Ceux
qui tombent », Michael Connelly, éd. Calmann-Lévy, 390 p., 21,50 €.
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