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vendredi 20 juin 2014

Les coups de coeur d'Anne Vouaux



Lire Etgar Keret est toujours la promesse de se tapir dans un monde à la fantaisie vitaminée. Mais le dernier ouvrage de l’auteur israélien déroge à l’habitude en scrutant le quotidien bien réel des sept années qui se sont écoulées entre la naissance de son fils et la mort de son père. Une colère dans un taxi, une alerte à la bombe, des rencontres dans un avion, la pratique du yoga et du Pilates, les transgressions de son enfant, la maladie de son père, la rencontre rocambolesque de ses beaux-parents, les tournées littéraires à l’étranger, un passage dans sa maison à Varsovie…Tous ces moments, qui pourraient n’être qu’anecdotiques, s’enfilent aussi facilement qu’une rangée de perles, prétextes à une réflexion légère ou plus profonde sur la vie comme elle va et comme elle pourrait aller autrement. Remarquable leçon d’humilité que ces saynètes  jouant avec l’humour, l’ironie ou l’émotion.
LIRE « Sept années de bonheur », Etgar Keret, éditions de l’Olivier, 197 p., 18 €.



Comment une jeune femme a-t-elle pu se retrouver traînée dans la boue puis convoyée comme un vulgaire cadavre vers une ferme dans laquelle elle doit vivre ses derniers jours, avant sa décapitation ? À quoi bon vivre encore dans un monde d’injustice quand l’heure de la fin est connue ? Ce premier roman d’une jeune Australienne se base sur des faits réels : en Islande, au début du XVIIIe siècle, le meurtre de deux hommes et l’incendie de leur ferme par trois individus, dont deux sont reconnus coupables et condamnés à morts. L’un d’eux est la jeune Agnès, dont la voix s’immisce régulièrement dans le récit de cette éprouvante vie de paysans, en écho aux échanges qu’elle nourrit avec le pasteur qui la prépare à son funeste sort. Peu à peu, le lecteur découvre la vérité et, contre toute attente, l’humanité des relations. Un roman âpre qui distille lentement sa force, qui étreint véritablement le lecteur.
LIRE « À la grâce des hommes », Hannah Kent, éd. Presses de la cité, 393 p., 21 €.


Un homme tue de sang-froid un industriel allemand très en vue, laisse exploser sa violence sur le cadavre, ne s’enfuie pas : il reconnaît les faits mais refuse de s’expliquer. Son avocat commis d’office s’empare du dossier, persuadé que le cas le propulsera sur le devant de la scène judiciaire. Certes, mais peut-on assurer la défense de l’assassin de celui qui fut le grand-père de son meilleur ami, avec qui l’on a appris à pêcher et à jouer aux échecs ? Questions bien plus épineuses pour le jeune avocat qui mène l’enquête : l’assassin n’est-il pas la victime, la victime n’est-elle pas un assassin ? Dans ce court – trop court peut-être - roman de l’écrivain-avocat Ferdinand von Schirach, le droit et la morale s’affrontent dans une relecture de l’histoire et des crimes nazis. Un plaidoyer efficace pour affronter les stigmates encore présents du passé hitlérien dans l’appareil d’État allemand.
LIRE « L’affaire Collini », Ferdinand von Schirach, éd. Gallimard,  150 p., 16,90 €.


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