Dans le ciel personnel de Sam Simoneaux, Cajun de la
Nouvelle-Orléans, « des disparus (…) découpaient d’énormes trous » : d’abord sa
famille, exécutée par des brutes arriérées, puis la mort de son propre enfant.
Et voilà que s’ajoute le rapt d’une fillette, Lily, que Sam n’a pas su
empêcher. Pour retrouver les malfrats, il suit les parents de Lily, musiciens
sur un bateau-dancing-bar itinérant du Mississippi. Sam, qui a déjà secouru une
fillette en France à la fin de « l’obscur charnier » de 14-18, sauvera-t-il
Lily ? Pour cela, il va plonger dans un
monde brutal, se frotter à un clan cauchemardesque embourbé dans une fange
immonde, tout en se méfiant des pulsions qui le pousseraient à se venger des
assassins de sa propre famille …
La sensibilité courageuse de Sam imprègne ce livre
attachant qui s’écoule au fil du grand fleuve, au rythme du jazz New Orleans,
de rixes homériques, de drames qui s’enchaînent…
LIRE « Nos
disparus », Tim Gautreaux, éditions du Seuil, 540 p., 23 €.
Même plus flic, John Rebus ! La retraite a sonné pour cet
ex-inspecteur, aussi doué qu’opiniâtre : il n’est plus qu’un civil qui bosse
par raccroc aux affaires classées de la police écossaise. N’hésitant pas à
pêcher des infos auprès de la pègre, regardé comme un empêcheur d’enquêter en
rond, il va à nouveau semer la perturbation, cette fois à propos de
disparitions de jeunes filles…
Ian Rankin possède magistralement son personnage de Rebus
(il l’a créé en 1987), un flic à l’ancienne, cheval de retour rétif à
l’autorité, très « gnôle et nicotine » ; un type mal embouché, cachottier, en
plus, mais que sa « vieille rage de vivre n’a toujours pas lâché ». Et qui
traîne derrière ses provocs une compagne discrète mais douloureuse : une lourde
solitude.
Comme toujours chantre de son Ecosse aux vastes landes
vides, Rankin signe un nième polar réussi malgré une fin un brin tirée par les
cheveux…
LIRE « Debout
dans la tombe d’un autre », Ian Rankin, éd. du Masque, 477 p., 22,50 €.
« Pourquoi ne pas sertir un diamant dans une crotte de
chien, tant qu’on y est ? » : Owen parle ainsi de sa ville, Niagara Falls,
surnommée Cataract City, où « on a eu le culot de transformer une des sept
merveilles du monde » (les fameuses chutes) « en réservoir de boutiques à
T-Shirts ». Owen a grandi là avec son meilleur ami Duncan. Liés « à la vie-à la
mort » pour avoir, gamins, sauvé ensemble leur peau, ils sont à présent des
adultes. Mais tandis que l’un surnage (il est devenu flic) malgré la ruine de
ses espoirs après une brutale agression, l’autre est sur le point de couler :
ses fréquentations l’ont conduit à la case prison…
Les affrontements, chutes, éloignements et rapprochements
entre « Dunks » et « Dutchie Owen » dessinent un roman fort bien écrit, âpre et
prenant, au rythme soutenu de flashbacks passant par des combats de catch, de
boxe, de chiens, et où flotte l’obsédant relent de Cataract City…
LIRE «
Cataract City », Craig Davidson, éd. du Seuil, 481 p., 22,90 €.
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