Ce soi-disant « lieu enchanté »
est une prison d’Etat américaine où attendent les condamnés à mort. Ce lieu
enchanté est aussi le lieu de vie des prisonniers, des gardiens, des visiteurs.
Les principaux protagonistes n’ont pas de nom : le narrateur enfermé
depuis des années dans le couloir de la mort et qui n’a jamais parlé… ou
presque ; « la dame » qui travaille pour des avocats dans le but
de trouver quoique ce soit pour rouvrir un dossier ; « le
prêtre » qui vit sa nomination ici comme une sanction ; « le
garçon aux cheveux blancs » qui se vide de toute substance car les caïds
du lieu l’ont choisi pour « s’amuser ». Les noms sont réservés aux personnages
secondaires, le directeur, le surveillant pire que les détenus, ou le condamné
à mort qui ne veut pas être sauvé…
Rene Denfeld nous raconte la prison
avec une émotion à fleur de mots. Un univers certes sinistre, mais habité par
des êtres humains, et complexes.
LIRE « En ce lieu enchanté », Rene Denfeld, Fleuve
éd., 207 p., 18,50 €
Les gifles
Votre métier, c’est rédiger des modes d’emploi. Vous
vivez seule avec Camille, votre adorable fille plus solide que vous mais qui
pleure quand même beaucoup. Son père a fui a quand il a su qu’il allait
devenir… père. Camille est en CM2 et sa maîtresse, si appréciée des parents
paraît-il, vous assène un jour que « votre fille est une
catastrophe ». Par pur sadisme ou avec raison peu importe, car cette
simple phrase, pour brutale qu’elle soit, va rouvrir en vous de terribles
cicatrices que vous pensiez/espériez enfouies. Le souvenir d’une autre
maîtresse, de gifles données après une autre phrase, encore plus terrifiante.
Une phrase dite par un enfant. Ces enfants qui répètent les horreurs dites à la
maison. Nathalie Kuperman, virevoltant aux abords de la folie, raconte,
courageuse et implacable, cette femme qui se rend compte « que vous avez
consacré votre temps à étouffer ce qui en vous était vivant. »
LIRE « La
loi sauvage », Nathalie Kuperman, éd. Gallimard, 210 p., 17,90 €.
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