Cette histoire-là, qui se dévore comme un polar, c’est du
vécu à 100% : Justin St. Germain raconte le meurtre de sa mère. Victime de
huit balles tirées par son beau-père, Ray. Un ancien flic qui s’est fait la
malle. Tout est vrai et vérifiable. Mais Justin se trouve face à une
question : pourquoi ? Alors il cherche partout dans ses souvenirs,
dans les traces laissées autour d’une caravane perdue dans le désert d’Arizona…
Le crime a eu lieu une semaine après les attentats du 11 Septembre près de
Tombstone, la ville du règlement de comptes à OK Corral, là où est née la
légende de Wyatt Earp. Avec la rage en dedans, Justin erre tel un fantôme dans ce pays marqué par la violence. « Son of a
Gun » (traduisez « bâtard »), il finit par se résoudre à se
venger avec les mots. Au-delà du doute, il devra offrir un ultime cadeau à son
irremplaçable mère : la vérité. Son témoignage n’en est que plus sincère
et déchirant.
LIRE
« Son of a Gun », Justin St. Germain, éd. Presses de la Cité, 324 p.,
20 €.
Dans la beauté sépulcrale du cercle polaire et la clarté
surnaturelle du soleil de minuit, Liv, 18 ans, affronte le mystère d’inexplicables
disparitions : deux jeunes frères sont retrouvés noyés et la mort continue
de roder… Liv vit avec sa mère, artiste réputée mais recluse, qui a choisi l’exil
au sein de cette petite communauté insulaire. Ici plus qu’ailleurs, les
légendes norvégiennes, peuplées de trolls et d’inquiétantes créatures comme la huldra,
troublent les esprits et déchaînent l’imagination collective. Comme possédée,
Liv ne sort pas intacte de cet « Eté des noyés » que dépeint John
Burnside. Sous sa plume stylée, poétique et surréaliste, des personnages
parfois dignes d’un tableau halluciné d’Edvard Munch hantent ces paysages du
bout du monde. Et Burnside de nous entraîner avec son héroïne aux portes de la
paranoïa sur le fil d’un suspense schizophrène. Superbement angoissant.
LIRE « L’Eté
des noyés », John Burnside, éditions Métailié, 336 p., 20 €.
Nous voici dans la tête de Marie, employée modèle dans
une entreprise de matelas, larguée par son goujat de mec, kidnappeuse de chat,
dont le fantasme du vrai grand amour est alimenté par une série de lettres
anonymes. Dans ce nouveau roman au titre vaguement honteux, « Ça peut pas
rater », Gilles Legardinier flirte avec la comédie romantique à
l’américaine, sans toutefois trop arroser de fleurs bleues. Ouf. Le rythme de
l’écriture est enlevé et de nombreuses formules font mouche. Genre :
« Le bonheur, c’est comme les bonnes affaires, il n’y en a pas pour tout
le monde ». Certes, Marie se pose des
tonnes de questions et aurait tendance à fatiguer le lecteur avec ses états
d’âme, mais Legardinier a l’heureuse initiative de placer un peu partout des pointes
d’humour par lesquelles on se laisse piquer avec un plaisir coupable. En pleine
rentrée morose, un peu de légèreté ne peut pas faire de mal.
LIRE « Ça
peut pas rater », Gilles Legardinier, Fleuve éditions, 432 p., 19,90 €.
Souvenirs de vacances… Arnaud Devillard n’a nul besoin d’un
bon vieux diaporama pour raconter sa virée californienne. Ses mots valent bien
de belles images et l’on se délecte des paysages somptueux qu’il nous vante. De
camping en parcs nationaux, on vibre au pays des séquoias, ces arbres géants
qui propulsent l’imagination au-delà des cimes.
Arnaud Devillard décrypte cette Amérique des grands
espaces et de films mythiques tournés en décors naturels. On le suit dans ce
voyage de rêve, à traverser des villes fantômes qui existent vraiment… Mais il y a aussi les Américains avec leur motor-home
ou caravane de luxe équipés de lit king size. Et l’on se délecte du
« combat » permanent d’un couple de petits Français armé d’une simple
tente igloo parmi les descendants de la ruée vers l’or qui ne conçoivent guère
de nuit à la belle étoile sans un écran plat à proximité... Instructif,
dépaysant et jubilatoire.
LIRE « Camping
California », Arnaud Devillard, éd. Le Mot et le Reste, 272 p., 18 €.
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