Il y a là beaucoup de silences, de non-dits, de drames
qui se tordent et se retournent, et se finissent en eau-de-boudin. On voudrait
faire bonne figure, alors on ment, on (se) raconte ses sornettes, on éclaire
faussement la grisaille du quotidien. Mais inutile, Tobias Wolff, implacable
dans ses nouvelles étourdissantes, ne laisse aucun espoir : ce qui est
fait est fait. « On ne peut visiter l’histoire que comme on visite un
cimetière, un chapeau à la main. » Le reste, gesticulations, fantasmes,
culpabilité, est d’une vaine vanité : « On peut lire les inscriptions
gravées sur les pierres. On ne peut pas les réécrire. » Oui, on a bien
trahi ses camarades à Prague après le printemps de 68. Oui, son fils n’ira pas
en médecine malgré les tricheries. Oui, l’argent humilie davantage qu’il ne
réconforte. Dix histoires impitoyables. « Il en est ainsi du meilleur des
hommes et du pire des hommes. »
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« Notre histoire commence », Tobias Wolff, Christian Bourgois
éditeur, 184 p., 15 €.
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