Le mieux et pour aller plus
vite, c'est d'en citer un petit bout : « Chaque jour, l'homme va à la
rivière et s'assied sur un tabouret métallique dans le courant rapide de la
petite cascade. Là, de la poche intérieure de sa veste, il sort un livre et
commence à le lire parmi les éclaboussures, l'écume et le rebondissement des
lumières. En général, il faut une bonne heure avant que le livre soit trempé et
lorsque l'homme ne parvient plus à tourner les pages sans les déchirer, il le
jette à l'eau, en gardant un œil très intéressé sur l'éclat que prend alors la
rivière, car il n'ignore pas la passion des truites pour la littérature. »
C'est un joli départ. Le
reste du recueil est à l'avenant. La pêche jusqu'à la dernière ligne, et la fin
dans laquelle l'homme et les poissons repartent du début, ce qui n'est jamais
qu'une manière réjouissante de se mordre la queue.
LIRE « Grosses
joies », Jean Cagnard, éd. Gaïa, 156 p., 17 €.
La fille de son meilleur ami, un ami qui évidemment a
expiré dans ses bras et lui a fait promettre qu'il retrouverait cette fille
inconnue et s'en occuperait, n'est pas une blanche orpheline. En prenant
connaissance du challenge, on s'attend normalement à un truc dégoulinant de
bons sentiments, nobles batailles et preux chevaliers servant à tout. Que
dalle. La fille est une habituée des hôpitaux psychiatriques, mère divorcée
séparée de son petit garçon, menteuse, buveuse, chapardeuse, enquiquineuse à
haute dose. Lui non plus d'ailleurs n'est pas très clair, il traîne de vieilles
gamelles derrière lui et continue de nourrir de funestes projets. L'association
de ces deux individus qui ont dévié de la route ne peut pas donner grand-chose
de constructif et en effet, leur aventure démarrée dans les meilleures
intentions s'achemine doucement vers les pires complications.
LIRE « La fille de mon meilleur ami », Yves Ravey,
éd. de Minuit, 157 p., 14 €.
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