Le mauvais côté de l’histoire de la vie de Daniel Darc,
c’est qu’on connaît la fin. En rubrique nécrologique. Retrouvé mort chez lui à
Paris le 28 février 2013. Il avait 53 ans. C’était il y a un an et demi à peine
et depuis, déjà quatre biographies ont été consacrées à l’ancien chanteur de
Taxi Girl. C’est dire combien il manque.
Avec « Le Saut de l’ange », l’éditeur
mulhousien médiapop ajoute un
« hommage » touchant. Emmanuel Abela et Bruno Chibane sont partis en quête
de témoignages glanés auprès de celles et ceux qui ont un jour croisé la route
de DD. En résulte non point un récit, mais un assemblage. Chacun raconte
« son » Daniel Darc et le lecteur, pièce par pièce, reconstitue le portrait
de l’inoubliable auteur de « Crèvecœur » et « La Taille de mon
âme ».
« Cherchez le garçon » chantait-il en 1980 à
bord du Taxi qu’il pilotait entre autres, avec Mirwais, cité ici lors d’un
entretien exhumé par Emmanuel Abela. Artistes, journalistes, compagnons de
route donnent aussi leur sentiment. Tous sont encore bouleversés par la
disparition de l’ange noir dont ils rappellent la gentillesse, l’extrême
timidité, le talent insolent, les goûts et les passions sans borne pour John
Coltrane ou William S. Burroughs, les contradictions et les addictions à
certaines substances, la foi en Dieu, le rire, le cuir noir, les
tatouages… Les aveux sont terriblement
sincères. « Je trouvais Taxi Girl naze », lâche Christophe Miossec.
Les souvenirs débordent d’émotion comme cette rencontre avec Franck Dupont :
« Je lui dis tout. Qu’on l’a attendu... Combien il a compté pour nous… Il
sourit, s’excuse d’être « l’éternel absent » et disparaît ».
Cherchez le garçon…
Entre les photos souvenirs de Darc, il y a aussi ces
confessions de l’homme lui-même. « Sans le rock, je serais mort depuis
longtemps. Le problème c’est qu’à cause de lui, je vais sans doute mourir
plus vite que d’autres. Mais je m’en fous, je suis vivant ! » Effectivement,
en refermant ce très beau livre hommage, on est sûr que Daniel Darc fait à
présent partie de ceux qui ne meurent jamais vraiment.
Thierry Boillot
LIRE « Le
Saut de l’ange », collectif, médiapop éditions, 270 p., 25 €.
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