Elle
était « l’appât 455 », la prisonnière qui hurle « non » en
elle-même quand on la torture, un sac suintant le sang et le sperme sur la
tête ; il était le chef des tortionnaires de cette dictature appelée
république théologique. Réfugiée à l’étranger, elle est devenue traductrice.
Colonel en fuite demandeur d’asile, il se plie à un interrogatoire dont elle
assure la traduction. En silence glacé, ils se reconnaissent… Ces deux êtres,
qu’un régime politique autoritaire a laminés, s’apprivoisent de loin, opposés
par leurs idéaux mais touchés par la même grâce d’un amour fou pour leur
conjoint resté au pays. On aurait pu craindre l’écueil facile du syndrome de
Stockholm : il est magistralement évité. La journaliste et romancière Fariba
Hachtroudi, née en Iran, signe un livre tout en tensions, nerveuse alternance
de monologues croisés d’où émergent lentement deux destins brisés, mais pas vaincus.
LIRE « Le colonel et l’appât
455 », Fariba Hachtroudi, éd. Albin Michel, 184 p., 16 €.
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