De
prime abord, le livre est sans intérêt puisque, comme pour le Titanic, on en
connaît par avance la fin : la défaite d’un camp, la victoire de l’autre. Et
les médias ceux de l’image surtout, nous en ont livré chaque épisode, chaque
anecdote, chaque froncement de sourcils. Et puis, le coup avait déjà été fait,
en 2007, quand la voluptueuse et implacable Yasmina Reza n’avait pas lâché
d’une semelle Nicolas Sarkozy durant sa quête victorieuse de l’Élysée pour écrire
« L’aube le soir ou la nuit » ? A croire que le genre
« journal de campagne » rédigé par un « véritable »
écrivain, ça faisait chic. Plus crédible. Un genre compliqué, entre la
nécessaire neutralité de l’observateur, et le danger de complaisance pour celui
qui se glisse au cœur du dispositif.
Il
faut croire qu’on en redemandait. Et, cette fois, c’est Laurent Binet qui s’y
colle. Un choix a priori étonnant pour un jeune homme qui n’a que deux ouvrages
à son actif, dont, certes, le très remarqué « HHhH » en 2012,
Goncourt du Premier roman, mais, tout de même, bien moins expérimenté qu’une
Yasmina Reza. A lui, donc, la lourde mission de mettre en scène l’éternel
recommencement qu’est une élection présidentielle.
Ici,
pour François Hollande, tout démarre lors des les primaires citoyennes. Le 20
juin 2011 : première rencontre entre le candidat à la candidature et
l'auteur. Et bien sûr, la musique politique s’accommodant fort bien de ce genre
de couac, rien ne se passe comme prévu : l'affaire DSK s'invite, et
bouleverse la donne. Hollande devient le candidat des socialistes, bientôt le
favori. Mais Sarko est une formidable «
machine à gagner ». Laurent Binet décrit, avec minutie, lucidité et
beaucoup d’humour, l’ascension du futur président, en s’arrêtant évidemment
beaucoup sur l’entourage, sur la cour qui se forme et s’agite autour de
Hollande. On sourit souvent. On découvre un présidentiable à la fois au-dessus
de la mêlée et bien installé les pieds sur terre, bosseur acharné, travailleur,
diplomate. Un homme normal qui attend un destin exceptionnel.
LIRE « Rien ne se passe
comme prévu », Laurent Binet, éd. Grasset, 307 p., 17 €.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire