C’est un livre qui devrait finir dans un état lamentable, ne
pas sortir des mains d’un seul lecteur sans en garder des traces. Un livre
qu’il faudrait marquer à toutes les pages, tant il est plein de mots et d’idées
et de formules et de situations magnifiques. Dans le rose et le noir, dans le
tout et le rien, cet Egloff sait tout faire. Il sait faire rire, il sait faire
pleurer, il sait vous balancer entre rires et pleurs, et vous faire enrager
quand il ne raconte pas la fin. Il a avec lui un enfant qui voudrait tout
savoir, et surtout ce que personne ne sait au fond : la mort. Pour les
oiseaux, pour les renards, pour les gens, ça vient comment ? Et la noyade
d’un chapeau, et la disparition d’un fusil à patate, et la perte d’un grain de
sable, tout ce passé insupportable ? Le père dit ce qu’il peut et ce n’est
pas facile. « Je veux pas que la vie ça dure deux minutes », dit
l’enfant. On voudrait que ce livre dure une éternité.
LIRE « Libellules », Joël Egloff, éd.
Buchet-Chastel, 192 p., 15 €.
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