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vendredi 3 octobre 2014

Rencontre : John King




Avec son éternel visage tendre et adolescent, son pauvre blouson, ses jeans élimés et ses Converse, on a dû mal à imaginer la violence qui habite ses romans : John King est un vrai gentil fracassé par la brutalité de son époque, et attaché à la dénoncer dans ses romans. Avec Will Self, Nick Hornby ou David Peace, il fait partie de ces auteurs britanniques, très influencés par la brutalité sociale et policière des années Thatcher, qui plongent dans le quotidien des « petites » gens pour peindre crûment la réalité de leur société, un mouvement littéraire qui n’a pas d’équivalent en France. Il est devenu célèbre avec sa trilogie consacrée à une bande de hooligans fans de Chelsea (« Football Factory », « La meute », « Aux couleurs de l’Angleterre ») et il a récemment rappelé les origines ouvrières du mouvement skinhead (« Skinheads »).
Il revient aujourd’hui avec « White Trash », une plongée à la fois glaçante et pleine d’humanité au cœur d’un hôpital public à travers la confession en parallèle de Ruby, une infirmière dévouée, « qui aime voir les gens se remettre sur pied, reprendre des forces », et de M. Jeffreys, un cadre chargé d’optimiser les coûts. Deux êtres attachés à rendre service, mais avec des mentalités diamétralement opposées… et dont les chemins vont finir par se croiser. Dans un bain de sang.
Vous avez écrit sur le football, les punks, les skinheads. On ne vous attendait pas sur l’hôpital ?
Je veux défendre le service public de santé. Je veux dire à quel point les privatisations malmènent les gens les plus vulnérables. Pour moi, c’est à nouveau un livre politique, une fable du Bien contre le Mal, Ruby et son cœur « gros comme ça » contre la logique financière et élitiste de M. Jeffreys.
Pourquoi ce titre, « White Trash » ?
C’est une expression américaine qui signifie littéralement « déchet blanc », désignant à l’origine la population blanche pauvre, et qui s’applique ici au regard que Jeffreys porte sur les malades et les employés de l’hôpital. Il affirme qu’il ne toise pas les gens de haut, mais tout, dans sa logique et ses actes, prouve le contraire.
Sa « logique » fait penser à un univers totalitaire…
J’ai très peur d’un monde dirigé par des comptables. La vie a besoin d’émotions, de sentiments, pas d’être rationnelle. C’est pour cela que je suis opposé à l’Union européenne. Pas aux peuples, mais aux institutions. Bruxelles est contrôlé par le business, c’est un système anti-démocratique, hyper-centralisé, une véritable dictature potentielle. Il ne manque plus qu’un « super leader » au tableau. Oui, totalitaire, car piloté en sous-main par la finance.
À 54 ans, quid de vos deux passions, la musique et le foot ?
Le punk est loin aujourd’hui. Et d’ailleurs, je n’en ai jamais eu le look, je ne pouvais pas me le permettre. Quand tu es supporteur de foot, tu ne peux pas aller au stade avec les cheveux teints ou une crête ! Au stade, je n’y vais plus guère, l’ambiance a changé, c’est devenu tellement cher. Mais je ne rate pas un match de Chelsea, chez moi ou au pub avec les copains. Quant à mes goûts musicaux, et même si David Bowie reste mon idole de toujours, ils ont évidemment évolué. Je suis assez fan de DJ Shadow ou de Tricky, par exemple.
LIRE « White Trash », John King, éd. Au diable vauvert, 384 p., 22 €.

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