À Haïti, la vie est compliquée et ce n’est pas dû
seulement aux ouragans qui anéantissent vies et lieux. L’improbable rencontre
entre la jeune paysanne Olmène Lafleur et le riche et puissant Tertulien
Mésidor s’est faite simplement, sans contrainte, l’attirance était réciproque.
Pourtant les ressentiments entre les deux familles sont puissants et anciens.
Mais dans un pays où la pauvreté se dessine toujours en toile de fond, on
comprend aisément qu’une jeune paysanne de seize ans se laisse séduire par un
homme qui lui offrira un toit qui ne laisse pas passer l’eau et qui nourrira
ses enfants. Comme dans « Failles » ou « Guillaume et
Nathalie », ses précédents romans, Yanick Lahens écrit des pages aussi sombres
que d’autres sont lumineuses, dessinant le tableau d’un pays fait d’émotions, de
paradoxes, de superstitions et d’étranges beautés.
LIRE
« Bain de lune », Yanick Lahens, Sabine Wespieser éditeur, 265 p., 20
€.
« On peut aller loin sans aller vite » assure
Dany Laferrière fraichement élu à l’Académie française. Serait-ce parce qu’il
est devenu immortel qu’il peut maintenant s’offrir le luxe de ralentir le
temps. Par petites touches, à la manière de Philippe Delerm et de ses
« plaisirs minuscules », il évoque avec gourmandise l’art de déguster
une mangue, de dormir dans un hamac, de découvrir un bon livre, de partager une
conversation. Il conseille de résister à l’effervescence pour voir le monde autrement,
réfléchir, comprendre, laisser les pensées jaillir spontanément. Une étude de
temps ? L’idée est bonne. Elle a peut-être surgi lors d’une sieste,
« cette courtoisie que nous faisons à notre corps » et dont il se dit
en être un spécialiste mondial. S’appuyant sur Diderot, Borges, Boulgakov et
d’autres encore, il remet ainsi les pendules à l’heure de l’émerveillement.
LIRE « L’art presque perdu de ne rien faire », Dany
Laferrière, éditions Grasset, 432 p., 20 €.
C’est une véritable leçon d’écologie que donne Alice
Ferney dans « Le règne du vivant ». Leçon parsemée d’émotions, de
réflexions et de témoignages. Nul n’ignore en effet que la mer est en danger et
que la pollution, dont nous sommes directement responsables, ne cesse de
s’aggraver. Certains se battent avec force contre cette fatalité. Comme son
héros, Magnus Wallace, défenseur de l’environnement, qui, avec une poignée
d’amis convaincus comme lui, parcourt les mers à bord de l’Arrowhead pour
arraisonner les navires baleiniers qui braconnent en zone protégée. Même s’il n’a que des moyens dérisoires, sa volonté, son
charisme et son sens de la communication font de lui un véritable combattant de
la vie. Car sauver les baleines c’est sauver l’humanité toute entière et
respecter « cette terre que nous empruntons à nos enfants ». Un bel
hommage à la beauté du monde marin et aux vertus de l’engagement.
LIRE « Le
règne du vivant », Alice Ferney, éditions Actes Sud, 206 p., 19 €.
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