Il a fallu ce quatrième roman pour qu’une fille ose venir
tenir sa place en face de sa mère. Il a fallu qu’elle devienne quelqu’un en
dehors d’elle, de cette mère particulière, une femme reconnue pour romancière,
une femme que les hommes ne manquent pas de remarquer et qui remarque qu’elle existe
à travers leurs hommages. Avant la mort du père, avant la mort d’une sœur
aînée, elle n’était rien pour cette mère sommaire, mère éphémère, mère intérimaire.
Maintenant que la mère survit en compagnie de ses fantômes et que sa raison
s’effiloche, leur passé lointain les rapproche. La mère est redevenue
« Mouche’ » et si sa fille s’en moque un peu, dans ses attitudes,
dans ses habitudes, dans sa désuétude, c’est pour dire que leur guerre est
finie et qu’elle ne lui laisse plus guère que le souvenir d’escarmouches. Un
jour ou l’autre, sur la fin, il faut bien reconnaître que les odes à une mère
ne sont pas forcément funèbres.
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« Mouche’ », Marie Lebey, éd. Léo Scheer, 125 p., 18 €.
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