C'est une histoire d’amour et de silence. Impressionnante
d'engagement, de puissance et, malgré la colère, la véhémence et, en fin de
compte, la tendresse infinie qui porte le roman, de maîtrise. « La
confusion des peines » est, en fait, l'histoire du combat de
l'amour et du silence entre un père et sa fille. Laurence Tardieu a demandé à
son père l'autorisation d'écrire ce livre, il a refusé, « tu l'écriras
quand je serai mort » a-t-il exigé, elle a désobéi, elle écrit pour les
vivants Le père n'a pas, n'a plus envie
d'entendre parler de ce passé- là : un des directeurs de l'ex-Compagnie
Générale des Eaux, il a été condamné pour corruption, condamnation définitive
en janvier 2000... au moment où la mère de Laurence apprend qu'elle est
atteinte d'une tumeur au cerveau. Elle mourra en octobre de la même année.
Drames concomitants, et le souffle coupé pour
Laurence : « tout ce que je croyais depuis l'enfance n'était-il
qu'une misérable illusion ? » Elle avait cru que l'humanité pouvait
se diviser en deux, avec, d'un côté, « les êtres au regard clair » (comme
son père) et, de l'autre, pour faire court, « les salauds ». Mais le
monde n'est pas en ordre, tout y est infiniment plus complexe, elle le savait,
elle l'avait lu dans des livres, vu dans des films, tant constaté dans
l'actualité, mais elle n'en avait jamais fait l'expérience.
De tout cela, il ne faut pas
parler. La famille est installée dans les beaux quartiers, le XVIème
arrondissement de Paris (dont l'auteur peint un portrait au vitriol), le
silence, comme le reste, est d'or. « Il fallait taire ce qui était
monstrueux. Alors, on a tu. » Aujourd'hui, elle n'en peut plus, elle prend
la parole, la « fille de », la petite fille qui vénérait son papa,
est devenue une femme. Libre et libérée. Son roman était le coup de poing de la rentrée littéraire de l'automne 2011. Il vient de décrocher le prix Printemps du Roman de la Foire du Livre de Saint-Louis.
LIRE « La confusion des peines », Laurence
Tardieu, éd. Stock, 154 p., 16 €.
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