50 ans d’auteurs gay aux States. Christopher Brom démarre son essai juste après la seconde guerre mondiale à une époque où l’on ne parle pas de ces « choses-là ». Puis on suit l'éclosion et la libération de cette parole dans les années 70 après les événements de Stonewall, et les conséquences de l’arrivée du Sida dans les années 80-90. On finit avec notre siècle et un certain essoufflement, une phase de transition vers… on ne sait pas encore quoi.
Au fil des pages on suivra la
route d’un Allen Ginsberg, membre fondateur de la « beat
génération » ; d’Edward Albee pour son « Qui a peur de Virginia
Woolf ? » ; de Tennessee Williams, dont l’adaptation au cinéma
de son « Tramway nommé désir » révèlera Marlon Brando ; de James
Baldwin, noir et homosexuel né en 1924 à New-York (pas simple…) ; d’Edmund
White et de sa magnifique trilogie « Un jeune américain », « La
chambre de Giovanni » et « La symphonie des adieux » ; de Truman
Capote, le maître du journalisme « gonzo », notamment pour son
célèbre « De sang Froid » ; ou de Gore Vidal Vidal qui publia en
1948 « The City and the Pillar », livre qui fit scandale parce qu'il
était le premier roman américain à mettre en scène des personnages clairement
homosexuels et ne connaissant pas une fin tragique pour avoir défié les
conventions sociales. On se souvient aussi d’avoir ri aux délicieuses et
déjantées « Chroniques de San Francisco » d’Armistead Maupin, d’avoir
été bouleversé par « Les Heures » de Michael Cunningham, d’avoir
frémi en lisant la montée du nazisme vue par Christopher Isherwood, l’inspirateur
du fabuleux « Cabaret ».
Avec érudition, mais avec
beaucoup de clarté, l’auteur - qui s’est auto-écarté de sa sélection -, nous
entraîne dans les pas de ces écrivains, leurs amours, le regard porté sur eux et
nous raconte les œuvres qui lui semblent majeures. Au passage, on notera que
même si l’étude se cantonne aux USA, la France y joue un rôle non négligeable,
terre d’accueil ou d’inspiration.
LIRE « Anges batailleurs, les écrivains gay en
Amérique de Tennessee Williams à Armistead Maupin », Christopher Bram, éd.
Grasset, 410 p., 24 €.
Vient également de paraître
le dernier roman d’Edmund White, « Jack Holmes et son ami » (éd. Plon, 384
p., 23 €).
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