La crise atteint aussi la librairie. Les éditeurs français
abordent la rentrée, le moment-clé de l’année littéraire, entre espoir et
prudence.
Avec 646 romans français et étrangers programmés entre août
et octobre, la production de la rentrée littéraire 2012 recule très légèrement
par rapport à 2011, lorsque 654 romans étaient annoncés… et beaucoup plus
nettement par rapport à 2010 (701 !). Une baisse qui symbolise la relative
prudence des éditeurs dans un contexte économique tendu. Pour autant, cette
retenue n’est pas synonyme de repli.
Car chaque éditeur veut croire en sa bonne étoile. Comme
chaque automne, il y aura quelques (très) heureux, notamment pour ceux qui
décrocheront l’un des prestigieux prix littéraires - le Goncourt en tête -, et
beaucoup de déçus. Mais le jeu continue d’en valoir la chandelle.
Les incontournables de cette rentrée s’appellent Amélie et Olivier. Amélie comme... Amélie Nothomb. En 1992, une jeune romancière belge faisait une entrée
fracassante en littérature avec « Hygiène de l’assassin », un huis
clos entre un écrivain, misanthrope de la pire espèce, et une délicate
journaliste qui renverra le vieil aigri dans ses cordes. Depuis, Amélie Nothomb
n’a pas raté une seule rentrée littéraire. Et, pour son vingtième roman en
vingt ans d’édition, elle publie « Barbe bleue », à la fois variation
autour du célèbre conte et clin d’œil à « Hygiène de l’assassin ». Le
roman est une déception à la hauteur de l’attente en cette année anniversaire
(voir notre critique dans un prochain post).
Olivier Adam |
L’autre roman très attendu de cette rentrée est « Les Lisières »
d’Olivier Adam. Ce dernier, publié désormais chez Flammarion, raconte comment
un certain Paul Steiner, à la personnalité coutumière chez Olivier Adam, de
retour dans la banlieue de son enfance, va être confronté à ses origines, un
monde qu’il a fui. Il a là le destin d’un homme et le portrait de la France
d’aujourd’hui. En presque 500 pages, un impressionnant état des lieux.
Du côté des événements, on citera également Laurent
Binet pour « Rien ne se passe comme prévu » (éditions Grasset), le
journal de la campagne présidentielle par l’auteur qui a suivi de près François
Hollande ; Jean Echenoz pour « 14 » (éd. de Minuit) qui s’ouvre
le jour de la mobilisation générale suite à l’entrée en guerre de la France en
août 1914 ; Laurent Gaudé qui s’attache aux derniers jours d’Alexandre le
Grand dans « Pour seul cortège » (éd. Actes Sud) ; Philippe
Claudel, désormais membre du jury du Goncourt, qui rend hommage dans
« Parfums » (éd. Stock) aux paysages lorrains et au milieu modeste
dont il est issu ; Philippe Djian qui raconte dans « Oh… » comment
une femme, à qui tout réussissait, se fissure après une agression.
Bien évidemment, d’autres grands noms seront présents :
Christine Angot, Agnès Desarthe, Véronique Olmi, Linda Lê, Marie-Hélène Lafon,
Patrick Modiano, Luc Lang, Philippe Delerm, Florian Zeller, Mathias Enard,
Tahar Ben Jelloun, tant d’autres encore. On signalera la très belle brochette
d’auteurs annoncés chez Grasset, avec par exemple Pascal Quignard (qui évoque
ceux qui tombent et se relèvent dans « Les Désarçonnés »), Christophe
Donner (qui met en scène la folie du jeu, des courses dans « A quoi jouent
les hommes ») ou Patrick Roegiers (pour « Le bonheur des
Belges », une vision picaresque de la Belgique). Et Claudie Hunzinger, la
« locale » de cette rentrée littéraire, qui, après « Elles
vivaient d’espoir », revient avec « La Survivance », où elle
raconte la joie d’avoir vécu une existence au service de l’inutile, un livre
qui est également un hommage au compagnon de sa vie… et aux livres. Et
puisqu’on parle des auteurs liés à notre région, il faut saluer le retour de
Max Genève avec « Virtuoses », un roman qui porte parfaitement son
titre et dont nous parlerons plus en détails ici même vendredi prochain.
Enfin, du côté des livres étrangers, c’est évidemment la
parution du premier roman pour les adultes de J.K. Rowling, la créatrice
d’Harry Potter, qui fait l’événement. « Une place à prendre »
paraîtra le 28 septembre. Dans une ambiance très british, la romancière met en
scène la bourgade de Pagford, son abbaye, ses cottages, sa place du marché, un
quotidien qui va être bouleversé par une mort bien soudaine… Autres auteurs
étrangers à suivre : Salman Rushdie pour « Joseph Anton » (éd. Plon),
Chuck Palahniuk pour « Snuff » (éd. Sonatine), Jim Harrison pour « Grand
maître » (éd. Flammarion), Toni Morrison pour « Home » (éd.
Bourgois) ou Philip Roth pour « Némésis » (éd. Gallimard).
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