L’idée de « Raconter la vie » est de faire parler monsieur et madame tout le monde de leurs existences, de leurs expériences, de leurs vies au travail. Une sorte d'encyclopédie, par fascicules, du quotidien au XXIème siècle. Le projet d’ensemble, porté par Pierre Rosanvallon et présenté dans le livret inaugural intitulé « Le Parlement des invisibles », « veut contribuer à sortir le pays de l’état inquiétant dans lequel il se trouve. » Il veut donner la parole à ceux qui, en France aujourd’hui, se sentent « oubliés, incompris, pas écoutés. » Une situation « qui mine la démocratie et décourage les individus. » Il est donc temps « de redonner consistance au mot « peuple », en l’appréhendant dans sa vitalité. »
Quatre fascicules-témoignages
(80 p., 5,90 € le volume) ouvrent la collection. « Moi, Anthony, ouvrier
d'aujourd'hui » qui raconte, depuis l'aversion pour le système de l'éducation
nationale au mythe du CDI, à quel point ne pas rentrer dans une case est
difficile comme l'est la vie d'ouvrier, constamment sous pression et sous
observation. Dans « Chercheur au quotidien », Sébastien Balibar nous décrit
son laboratoire et les vicissitudes de la recherche, des financements, des
collaborations et la concurrence entre labos. Dans « La femme au
chats », Guillaume le Blanc retrace l’histoire de Karine, une
fonctionnaire des impôts qui se réalise avec un élevage d’élevage de chats
rares (des sacrés de Birmanie). Enfin, dans « La course ou la
ville », Eve Charrin nous fait partager le quotidien de livreur à Paris, ceux
qui jonglent entre l’agressivité des autres occupants du bitume, le contrôle
par leurs employeurs et la gestion de leur propre stress. Écris de manière
sobre, claire, ces récits nous entraînent de manière passionnante au cœur de ces
tranches de vie. Des reportages photos… en mots, en quelque sorte. Et le site
internet http://raconterlavie.fr permet de rejoindre ce « roman vrai de la
société française. »
LIRE « Le Parlement des invisibles », Pierre
Rosanvallon, collection « Raconter la vie », éditions du Seuil, 80
p., 5,90 €.