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vendredi 19 avril 2013

Poésie : Belge qui rit, Houellebecq qui pleure



Un nouveau Houellebecq, c’est forcément un événement. Même s’il s’agit de poésie. Depuis ses débuts, le Goncourt 2010 (avec « La Carte et le territoire ») alterne entre la prose et ses bouts rimés, fragments épars pour lesquels il est difficile de parler d’œuvre. Si au départ, avec « Rester vivant » (1991) ou « Le Sens du combat », quelques irréductibles avaient pu crier au génie post-moderne, la perplexité (au mieux) ou l’ennui (au pire) nous prend tout au long de son nouveau recueil, « Configuration du dernier rivage ».
Houellebecq persiste et signe dans un genre bien à lui, la poésie « banale », sans fulgurances mais attachée au classicisme, parsemée de rimes d’une platitude que ne renierait pas un élève de 6ème. L’auteur y apparaît dans toute sa noirceur (« Je n’ai plus d’intérieur,/De passion, de chaleur »), gémissant sur un amour perdu (thème original s’il en fut en poésie…) et ravivant – geste obligatoire chez lui – son obsession pour le « parler cru » (une partie, sans plus d’intérêt que les autres, s’intitule « Mémoires d’une bite »).
Pour se réjouir, pour le style, le culot, l’originalité, on se tournera, comme souvent, vers la Belgique, d’où nous vient Jean-Pierre Verheggen. L’auteur, entre autres, et aux éditions Gallimard s’il vous plaît, de « Sodome et grammaire » ou de « Ridiculum vitae », a décidé à septante ans qu’il était temps de faire un bilan à sa façon, en exigeant ni plus ni moins de se voir attribuer le « Prix Nobelge » ! D’où ce dossier de candidature jubilatoire et absurde, entre l’Almanach Vermot et les Monty Python, comprenant le rappel de toutes les distinctions déjà glanées, des métiers d’appoint exercés, des ouvrages inédits… ainsi que de textes biographiques plus personnels où, sous le « nonsense » pointent les dégâts de l’âge. Sans oublier de navrants, mais pas sots, aphorismes : « Pire que l’intégrisme religieux, l’intégrisme élogieux et ses grand-messes avec génuflexions. » Laissons Verheggen se définir lui-même : « Osons nous déclarer Roi bouffon  - et bonne poire poétique ! –, bonne poire certes mais éthylique rusé ! »
LIRE « Configuration du dernier rivage », Michel Houellebecq, éd. Flammarion, 102 p., 15 €.
« Un jour, je serai Prix Nobelge », Jean-Pierre Verheggen, éd. Gallimard, 134 p., 15,90 €.

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