Peut-on faire confiance à un rock-critic qui considère que
« Station to Station » est le meilleur album de Bowie alors que même
un sourd de naissance sait que le choix se situe plutôt entre « Hunky
Dory » et « Ziggy Stardust » ? Oui, parce ce que ce même
type porte aux nues « Hejira » de Joni Mitchell, et que c'est
effectivement l'une des plus belles choses entendues depuis l’invention des
oreilles. Et surtout parce que ce rock critic, c'est Nick Kent.
©UlfAndersen |
S’il y a un type qui connaît son sujet, c'est bien lui. Il
n'avait qu'une petite vingtaine d'années qu'il était déjà compagnon de défonce
d'Iggy Pop, de Led Zep ou des Stones avant de se faire démolir à coups de
chaîne de vélo par Sid Vicious himself. On peut ajouter qu'il fut l'ex de Chrissie
Hynde, future Pretenders. De quoi réécouter « Station to Station » de
façon plus attentive...
Pigiste dans un fanzine, Nick Kent est débauché à 21 ans, en
1972, par le New Musical Express. Il expérimente
alors un « journalisme d'action »,
« dans la mêlée, participant aux événements pour en extraire l'essence et
le traduire dans une nouvelle forme d'art... » Pas le genre à
pointer à la rédaction de 8 à 17 h. Il deviendra l'un des acteurs les plus influents
de ces seventies durant lesquelles tant de chef-d’œuvres ont été gravés et tant
d'excès commis. Il sera, l’été 75, guitariste éphémère des Sex Pistols. Et
finira en junkie SDF.
Son livre raconte sa traversée à hauts risques de cette
décennie de l'enfer. Les cinq premières années racontent une ascension, les cinq
suivantes une déchéance. Traduits par sa compagne Laurence Romance, ces
souvenirs sont vraiment stupéfiants. S'il n'échappe pas à une certaine vanité
(Kent aurait inspiré le « All The Young Dudes » de Bowie et le
« Shine On You Crazy Diamond » du Floyd...), il livre un regard
essentiel sur la dureté d'une époque dangereusement folle. C’est le complément nécessaire
au déjà nécessaire « Life » de Keith Richards.
LIRE « Apathy For The Devil, Les seventies,
Voyage au cœur des ténèbres », Nick Kent, éd. Rivages Rouge, 340 p., 21,50
€.
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